Un confiné, une méthode. Et toi, comment tu bosses tes cours ?

Depuis le 16 mars, toutes les universités sont désertes, pour le bonheur des uns et le malheur des autres. Bien que les cours en présentiels ne puissent plus avoir lieu, l’année est pour autant loin d’être terminée. Des cours en visioconférence, un espace d’échanges et des partiels maintenus sont promis aux étudiants. Le nouveau système fonctionne-t-il correctement ? Etudiants et professeurs ont-ils réussi à s’adapter ? Réponses avec les principaux intéressés…

Après une semaine de fermeture, entre les plateformes saturées, les professeurs qui n’arrivent pas à s’approprier l’outil numérique, les étudiants qui n’ont pas accès à internet ou n’ont pas d’ordinateurs à leur disposition, l’apprentissage ne peut se faire efficacement et on se rend bien compte que tout cela est compliqué à mettre en place.

On se retrouve tous un peu « lâché dans le vide », tous plus ou moins perdu, étudiants comme professeurs. Chacun s’est dont fait sa propre méthode de travail, en fonction de ce qui lui était possible de faire.

Pour Émilie c’est simple, « il faut essayer de suivre son planning habituel, en allégeant un peu les séances ». Étudiante en 3ème année de sociologie à la faculté de lettres, la jeune femme se fait un planning du lundi au vendredi de 9h à 12h et de 14h à 18h. Elle respecte principalement son emploi du temps, mais quand elle en ressent le besoin, elle alterne avec de la lecture. Elle n’a pour le moment qu’un seul cours en visioconférence par semaine, mais elle est en contact quasi continu avec ses professeurs qui sont très réactifs pour répondre à ses questions. « En attendant d’éventuelles consignes ou cours, je fais des fiches sur ce que j’ai fait et je me suis procurée les cours des années passées. Je me rapproche également au maximum des anciens élèves”.  Elle reste néanmoins inquiète pour la validation de sa licence, car certains professeurs ne donnent pas de nouvelles et sa première année a déjà été bousculée par les mouvements étudiants de 2018.

Pour Chiraz et Sarah, l’organisation est un peu plus compliquée. Étudiante en 2ème année de droit, Chiraz n’a aucun cours en visioconférence. La majorité de ses professeurs lui envoie leurs cours par mail. « Pour ma part, je trouve que l’on n’est pas suffisamment suivi. Certains chargés de TD ne nous donnent pas de nouvelles, on se retrouve avec des devoirs à réaliser chaque semaine, mais sans corrections. ». Sarah, étudiante en Master management des organisations du secteur sanitaire et social trouve ça lamentable que les modalités d’examens restent les mêmes alors qu’ils n’ont pas accès à la totalité des cours : « Ils ont juste balancés les cours sur l’ENT ». Elle regrette également qu’aucune permanence administrative ne soit mise en place pour informer des modalités d’évaluations quand : « les profs jouent les morts ! ».

Pour ne pas succomber à une perte de motivation, chacun ses astuces. Pour Chiraz, changer souvent son environnement de travail peut aider. « J’ai commencé par travailler exclusivement dans ma chambre et à la fin de la semaine, j’avais l’impression de toujours devoir travailler, j’avais plus cet espace où je pouvais me reposer. Je me suis donc interdit de travailler dans ma chambre : je vais travailler dehors, dans mon salon, dans la cuisine, pour que quand je rentre dans ma chambre je m’y sente bien et sans avoir l’impression de devoir faire quelque chose. ».

Lisa, étudiante en 3e année année d’études culturelles, se fixe différents objectifs par semaine. « Je n’aime pas me fixer des objectifs par jour, car si je ne peux pas les atteindre pour n’importes quelles raisons, ça va tout bousculer. » Avec cette méthode, l’étudiante se sent moins stressée au quotidien. « En plus de tout le travail qu’on doit rendre à des dates différentes, il faut postuler au master, trouver un Job pour cet été. J’ai l’impression que je n’aurai jamais le temps de tout faire ». Elle sait qu’en pensant de cette façon, elle n’arrive pas à être productive. Elle s’autorise alors, au moins une fois par semaine, un jour OFF, où elle ne pense pas à ce qu’elle doit faire.

Pour Victor, première année de sciences, il suffit de bosser quand on en a envie. « Je peux bosser une heure par jour comme ne rien faire », il s’adapte à la demande des professeurs. Avec un rythme de journée assez simple, « vaisselle, console, boulot, console, dodo » Victor ne cède ni au stress, ni à la perte de motivation, et maintien des résultats stables.

Philippe, professeur de mathématiques, adapte au mieux les besoins des étudiants et ses capacités numériques. « J’ai beaucoup de mal avec les nouvelles plateformes, les connexions internet ne sont pas toujours stable, il existe des beug, j’ai du mal à m’y faire. Mais c’est pas pour autant que je vais simplement envoyer un cours écris aux étudiants, je suis bien conscient que c’est loin d’être une bonne méthode. » Pour trouver un terrain d’entente entre les deux, Philippe a choisi les notes vocales. « Je prépare mon cours écris et je commente ce cours par des notes vocales. J’essaye de penser aux questions que les étudiants auraient pu me poser, et j’y réponds ». Philippe reste néanmoins très actif sur sa messagerie, et a même proposé de donner son numéro de téléphone pour les élèves en grande difficulté.

Pour Catherine* et Marc, professeurs d’anglais, c’est compliqué de se rendre toujours disponible. « Dans ce contexte, on n’a plus de limites de travail, j’ai l’impression qu’on doit toujours être présent pour répondre aux étudiants, même quand on dépasse notre temps de travail officiel. » affirme Marc.

Catherine a conscience que pour les étudiants c’est une situation très délicate, mais elle tient à rappeler que pour leur statut de professeur, ça l’est aussi : « Je suis constamment en train de répondre aux mails, je ne me sens plus professeur mais assistante ou secrétaire. »

Jean-Michel Blanquer, le Ministre de l’Éducation Nationale, avait affirmé qu’il y aurait une continuité pédagogique. Pour certains professeurs, et beaucoup d’étudiants, elle n’est pas possible. Marie, étudiante en 2ème année de chimie parle de « rupture ». « Tous les travaux pratiques ne sont pas réalisables, et pourtant on nous parle encore de continuité pédagogique. » En utilisant ce terme, le Ministère de l’Éducation et l’équipe éducative légitiment le fait que leurs attentes restent quasi identiques à celles en temps normal.

Certains acteurs, bien conscients des difficultés, font leurs possibles pour faciliter l’apprentissage. David Marchal, responsable du département information et communication à Nancy, recense les étudiants dit en « isolement numérique » : pas d’ordinateur, ni d’accès à internet, afin de leur apporter une aide financière ou matérielle.  Quant à ADOBE, la société rend ses licences accessibles gratuitement aux étudiants et ce jusqu’à la fin du confinement.

Alors à chacun sa méthode de travail. Gageons que malgré les difficultés à s’insérer dans ce nouveau système, tout le monde finira par y trouver sa place. Tout est question d’adapation…

*Prénom modifié à la demande de l’interviewée

Charlotte ROUSSEAUX

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