EXPOS, CONCERTS, THÉÂTRES, QUAND VOUS REVERRAI-JE ?

La culture, grande foudroyée de cette crise sanitaire. Après la fermeture en chaîne des MJC, musées, théâtres, opéras, cinémas, bibliothèques, certains acteurs culturels s’affolent, d’autres tentent de relativiser. Entre foisonnement de projets numériques et incertitudes économiques, rencontres ici avec 3 acteurs majeurs de la culture du Grand Nancy : Hadrien Wissler-Bonnot de L’Autre Canal, Yves Colombain de la MJC Lillebonne et Olivier Perry du Centre Culturel André Malraux. 

« Il faut voir ça comme une parenthèse. Ces lieux physiques de diffusion culturelle sont essentiels. Sans eux, il ne reste que le numérique. » explique Hadrien Wissler-Bonnot. À Nancy, L’Autre Canal maintient ses missions de service public en proposant chaque jour des activités culturelles avec « Passion Confinement » : podcasts, jeux, playlists, … Même idée pour le Centre Culturel André Malraux (la scène nationale de Vandœuvre-lès-Nancy), avec le programme « À l’Horizon ». Au rendez-vous : courts-métrages, découvertes musicales et bien d’autres recommandations. Mais Olivier Perry rappelle que ça ne reste « qu’une solution de remplacement », qui risque de s’essouffler sur le long-terme. L’accessibilité de la culture via le numérique révèle également des inégalités en France précise Hadrien Wissler-Bonnot : « il y a une grosse fracture numérique » et un public touché de manière asymétrique. Pour la MJC Lillebonne, une large partie des activités hebdomadaires est évidemment compromise. Mais les animateurs font de leur mieux pour maintenir le lien avec les adhérents : certains animant même leurs cours et ateliers grâce à internet.

LE REVERS DE LA SOLUTION DU TOUT NUMÉRIQUE

Pour la MJC Lillebonne, le numérique ne permet pas d’assurer les événements physiques qui constituent une bonne partie de leur programmation, la majorité d’entre eux ayant dû être annulés, très peu pouvant être reportés. « La culture c’est quand même avant tout la rencontre et la confrontation directe à l’artiste ou à l’œuvre » fait remarquer le directeur de la MJC. Il déplore également l’annulation forcée de projets et partenariats (avec le CCAM notamment) qui donnent vie à la MJC. Quand bien même le CCAM et LAC parviennent à proposer un éventail d’activités numérisées pour divertir leurs publics, l’ingéniosité de ces combines ne remplacera pas longtemps les concerts et représentations théâtrales. Car si le télétravail fonctionne pour le personnel administratif, de l’autre côté, les techniciens, agents de sécurité, intermittents et ceux et celles en charge de l’accueil des publics se retrouvent aujourd’hui au chômage technique pour une durée encore indéterminée. Les artistes font partie des professionnels les plus touchés par cette crise : un vrai flou plane sur la reprise de leurs activités, et leurs revenus sont pour le moment mis sur pause. Pour essayer au mieux de faire tourner l’économie de la culture, L’Autre Canal prévoit de nouvelles animations à distance en collaboration avec les artistes qui accepteront de se prêter au jeu : des lives, conférences en visio, etc… Toujours est-il qu’Hadrien Wissler-Bonnot avoue être dérangé par la consommation d’énergie due à l’utilisation pharamineuse de bande passante et cette dépendance aux GAFAM.

APRÈS LA PLUIE, LE BEAU TEMPS ?

Comment prépare-t-on l’après coronavirus ? Difficile à dire. L’incertitude est grande quant à l’autorisation ou non des rassemblements de plusieurs centaines de personnes à la sortie du confinement. Olivier Perry se tient prêt à rouvrir : « nous gérons les reports et les annulations des représentations ». Le programme de la saison prochaine est également en pleine préparation. Le public doit s’attendre à une profusion d’activités culturelles à la fin du confinement, de la part des salles de spectacle, concerts, MJC, etc… Le but semble évident : rattraper et combler le vide que le COVID-19 aura laissé derrière lui. Yves Colombain et son équipe « espèrent repartir de plus belle ». Pour la MJC Lillebonne, le risque économique le plus conséquent pourrait être la demande de remboursement des cotisations des adhérents inscrits aux cours et ateliers à l’année. Hadrien Wissler-Bonnot tient à préciser que si les plus grosses structures culturelles ont relativement peu à craindre, les plus petites structures ou les petits artistes devront quant à eux recevoir un soutien considérable. « Beaucoup sont et seront fragilisés » s’inquiète Olivier Perry.

Que retenir ? Que les acteurs de la culture font de leur mieux, avec les outils dont ils disposent, sans pour autant pouvoir prédire l’avenir. Prochainement, L’Autre Canal va monter des actions culturelles pour créer chez soi, apprendre, aller plus loin que le simple divertissement. Car même si d’après Hadrien Wissler-Bonnot, la culture a tendance à être « le parent pauvre des autres formes politiques », c’est ironiquement à elle qu’on se raccroche désespérément aujourd’hui. 

Olga Debout

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